Médecins débordés, vieillissants, épuisés, plus de 30 000 généralistes vont partir dans les 10 ans à venir, désertification médicale dans les campagnes, non renouvellement des départs à la retraite, burn-out, les jeunes ne veulent plus travailler, plus faire de la médecine générale, plus s'installer...
On continue ?
De l'autre côté, le Docteur Konck, qui à la fin d'un repas arrosé de labo, au moment où les langues se délient, t'explique que, tous comptes faits, "sur les 7500 actes que je fais chaque année, la moitié sont des gens qui n'ont rien". Et toute la tablée médicale et non moins imprégnée opine gravement : "C'est bien vrai, ça" - "Ils n'ont à rien à faire là, ces irresponsables" - " Mais, c'est notre gagne-pain, Robert !" - "Surtout les vieux !" - " Et les CMU !, Marcel, t'oublies les CMU !..."
De l'autre côté, le remplaçant, celui qui dit qu'il vient faire de la médecine chez moi et son beurre chez les autres m'explique : "Chez toi, c'est comme chez les autres, la différence c'est qu'ici ils sont malades." Ah bon ? Voilà peut être pourquoi j'ai 80 % d'ALD et que 3000 actes. Il me manque juste les 3000 qui n'ont rien. J'aurais peut-être pas dû leur dire d'aller voir ailleurs, alors ?
De l'autre côté, ce généraliste scandinave en stage dans un cabinet médical français, et qui s'étonne : "Je trouve que vous faites peu d'examens complémentaires et de prises de sang. Par exemple, pour ce malade qui a de la fièvre, pourquoi ne prescris-tu pas de CRP pour vérifier l'inflammation ?" Le médecin français : "Je vais pas lui faire une prise de sang pour un rhume quand même !" Le médecin scandinave : "Ah, oui, mais chez nous les gens ne voient pas le médecin pour un rhume. Ceux qui viennent dans nos cabinets avec de la fièvre sont vraiment malades !"
En France les généralistes payent leurs charges avec les malades, et font leur bénéfice avec ceux qui n'ont rien. Mettez hors des cabinets médicaux les patients qui ne devraient pas y être, et les médecins n'ont plus rien à faire, ne gagnent plus d'argent. Et la soi-disant chute de la démographie médicale s'en retourne à son état de fantasme, joyeusement mis en avant pour justifier les plus basses revendications corporatistes.
C'est qu'il faut l'entretenir le marché médical.
Par exemple, continuer à assurer une permanence des soins de nuit et de WE qui ne sert à rien sauf à soutenir le marché, et à épuiser les généralistes. Dans ma ville, pour soutenir le marché de la bobologie nocturne inutile, rien de moins que 4 structures qui se font confraternellement concurrence :
- les urgences de l'hôpital, bien sûr, à tout seigneur tout honneur;
- la maison médicale de garde, organe de communication politique locale pour faire venir les journalistes et se faire réélire;
- le tour de garde des libéraux, volontaires spontanés, histoire de continuer à s'épuiser anesthésiés par les injonctions déontologiques ordinales et les réquisitions préfectorales;
- et bien sûr la structure SOS médecins et ses livraisons à domicile. Porsche Cayenne garantie en 2 ans ou remboursée, pour le détenteur des parts de la société, pardon, pour l'associé.
Avec ça, pas de problème, les patients resteront des assistés irresponsables, et ceux qui organisent le marché pour en profiter, pourront continuer à l'affirmer avec toute l'arrogance qui sied à leurs mondaines soirées pharmaceutiques.
Alors évidemment, quand il fallait que le généraliste fasse des études de marché, dans les années 70 et 80, pour trouver un trou libre où s'installer encore, il a bien fallu créer la demande, organiser la revoyure régulière des patients qui n'ont rien, défendre bec et ongles ses PDM, parts de malades. La SARL Knock a tourné à fond. Fallait bien vivre, avec le paiement à l'acte, à la pièce, à la passe.
Faire croire aux gens qu'ils sont malades, ça va vite à les convaincre, surtout quand c'est pour faire tourner la boutique. Maintenant qu'il faut leur expliquer que pendant 30 ans on leur a menti, que tous comptes faits ils n'ont rien, que c'était juste pour se payer sur la bête l'espace d'une ou deux générations, mais que maintenant on voudrait bien souffler un peu, et que ce serait bien qu'ils respectent davantage les médecins surchargés dans leur tâche ingrate, c'est moins facile évidemment.
D'autant plus que, maintenant, les généralistes ils ont appris à soigner les gens qui n'ont rien à force de ne voir qu'eux, et même pour la plupart, ils ne savent plus soigner que ceux-là. Ajoutez que leurs maîtres Hauspitalôô-universitèères qui les ont formés ont mis un point d'honneur à ne pas leur apprendre leur métier et à leur garantir le niveau d'incompétence nécessaire pour préserver leur pouvoir, et les choses deviennent plus claires. Mettez les devant un vrai malade, les pôv' généralistes, et c'est la panique, la honte. Et pour soigner ça, rien de tel alors qu'un bon spécialiste imbibé par l'industrie, qui vous recopiera la dernière modernité que vous n'aurez qu'à recopier à votre tour...
Tous pourris ? Le problème justement c'est que non. Les ceuss qu'ont voulu faire médecine pour faire de la médecine et soigner des gens qui souffrent se font niquer jusqu'à l'os, ou, au pire, servent d'alibis et de bonnes consciences pour que les autres puissent continuer.
Y a p'têt un moment où faut arrêter les conneries, non ? Ras-le-bol, moi, ras-le-bol, j'vous l'dis.
On continue ?
De l'autre côté, le Docteur Konck, qui à la fin d'un repas arrosé de labo, au moment où les langues se délient, t'explique que, tous comptes faits, "sur les 7500 actes que je fais chaque année, la moitié sont des gens qui n'ont rien". Et toute la tablée médicale et non moins imprégnée opine gravement : "C'est bien vrai, ça" - "Ils n'ont à rien à faire là, ces irresponsables" - " Mais, c'est notre gagne-pain, Robert !" - "Surtout les vieux !" - " Et les CMU !, Marcel, t'oublies les CMU !..."
De l'autre côté, le remplaçant, celui qui dit qu'il vient faire de la médecine chez moi et son beurre chez les autres m'explique : "Chez toi, c'est comme chez les autres, la différence c'est qu'ici ils sont malades." Ah bon ? Voilà peut être pourquoi j'ai 80 % d'ALD et que 3000 actes. Il me manque juste les 3000 qui n'ont rien. J'aurais peut-être pas dû leur dire d'aller voir ailleurs, alors ?
De l'autre côté, ce généraliste scandinave en stage dans un cabinet médical français, et qui s'étonne : "Je trouve que vous faites peu d'examens complémentaires et de prises de sang. Par exemple, pour ce malade qui a de la fièvre, pourquoi ne prescris-tu pas de CRP pour vérifier l'inflammation ?" Le médecin français : "Je vais pas lui faire une prise de sang pour un rhume quand même !" Le médecin scandinave : "Ah, oui, mais chez nous les gens ne voient pas le médecin pour un rhume. Ceux qui viennent dans nos cabinets avec de la fièvre sont vraiment malades !"
En France les généralistes payent leurs charges avec les malades, et font leur bénéfice avec ceux qui n'ont rien. Mettez hors des cabinets médicaux les patients qui ne devraient pas y être, et les médecins n'ont plus rien à faire, ne gagnent plus d'argent. Et la soi-disant chute de la démographie médicale s'en retourne à son état de fantasme, joyeusement mis en avant pour justifier les plus basses revendications corporatistes.
C'est qu'il faut l'entretenir le marché médical.
Par exemple, continuer à assurer une permanence des soins de nuit et de WE qui ne sert à rien sauf à soutenir le marché, et à épuiser les généralistes. Dans ma ville, pour soutenir le marché de la bobologie nocturne inutile, rien de moins que 4 structures qui se font confraternellement concurrence :
- les urgences de l'hôpital, bien sûr, à tout seigneur tout honneur;
- la maison médicale de garde, organe de communication politique locale pour faire venir les journalistes et se faire réélire;
- le tour de garde des libéraux, volontaires spontanés, histoire de continuer à s'épuiser anesthésiés par les injonctions déontologiques ordinales et les réquisitions préfectorales;
- et bien sûr la structure SOS médecins et ses livraisons à domicile. Porsche Cayenne garantie en 2 ans ou remboursée, pour le détenteur des parts de la société, pardon, pour l'associé.
Avec ça, pas de problème, les patients resteront des assistés irresponsables, et ceux qui organisent le marché pour en profiter, pourront continuer à l'affirmer avec toute l'arrogance qui sied à leurs mondaines soirées pharmaceutiques.
Alors évidemment, quand il fallait que le généraliste fasse des études de marché, dans les années 70 et 80, pour trouver un trou libre où s'installer encore, il a bien fallu créer la demande, organiser la revoyure régulière des patients qui n'ont rien, défendre bec et ongles ses PDM, parts de malades. La SARL Knock a tourné à fond. Fallait bien vivre, avec le paiement à l'acte, à la pièce, à la passe.
Faire croire aux gens qu'ils sont malades, ça va vite à les convaincre, surtout quand c'est pour faire tourner la boutique. Maintenant qu'il faut leur expliquer que pendant 30 ans on leur a menti, que tous comptes faits ils n'ont rien, que c'était juste pour se payer sur la bête l'espace d'une ou deux générations, mais que maintenant on voudrait bien souffler un peu, et que ce serait bien qu'ils respectent davantage les médecins surchargés dans leur tâche ingrate, c'est moins facile évidemment.
D'autant plus que, maintenant, les généralistes ils ont appris à soigner les gens qui n'ont rien à force de ne voir qu'eux, et même pour la plupart, ils ne savent plus soigner que ceux-là. Ajoutez que leurs maîtres Hauspitalôô-universitèères qui les ont formés ont mis un point d'honneur à ne pas leur apprendre leur métier et à leur garantir le niveau d'incompétence nécessaire pour préserver leur pouvoir, et les choses deviennent plus claires. Mettez les devant un vrai malade, les pôv' généralistes, et c'est la panique, la honte. Et pour soigner ça, rien de tel alors qu'un bon spécialiste imbibé par l'industrie, qui vous recopiera la dernière modernité que vous n'aurez qu'à recopier à votre tour...
Tous pourris ? Le problème justement c'est que non. Les ceuss qu'ont voulu faire médecine pour faire de la médecine et soigner des gens qui souffrent se font niquer jusqu'à l'os, ou, au pire, servent d'alibis et de bonnes consciences pour que les autres puissent continuer.
Y a p'têt un moment où faut arrêter les conneries, non ? Ras-le-bol, moi, ras-le-bol, j'vous l'dis.
absolument d'accord. je suis remplaçant depuis 3 ans, désire absolument m'installer, mais constate que je ne fais de la médecine qu'en faisant 15 / 20 actes par jour. bizarement, lorsque je trouve un rempla sympa, je gagne peu. Lorsque je fais du calque sans conscience je gagne mieux. je n'ai pas de grosses ambitions matérialistes mais j'ai qd même l'impression que la "soit-disant génération dorée " que je represente se fait doucement avoir (déja le coup du medecin traitant... merci! impossible de créer une patientele (preuve a l'appui même ds les regions sous-dotées))
RépondreSupprimerMais puisqu'on nous dit qu'on est bien lottis,je dois simplement être parano ou pessimiste...
merci pour votre blog que je trouve tres tres chouette !
Salut
RépondreSupprimerJe te trouve "severe mais juste".
( Je suis installé depuis 14 ans )
A ceci près que ca commence à changer (du moins dans ma normandie) et que les gens viennent moins "pour rien" et meme plutot "pour beaucoup" ( et pui j'ai aussi ce boutin, et puis cette bouboule ,et magynéco m'a fait faire des analyses et j'arrive pas à la joindre, et puis je pars au srilanka dans 15 jours......
Je suis contre la réaugmentation du numerus clausus parce que ca risque de nous remettre dans la situation des années 80 dont tu parles ( concurrence).
Le probleme c'est qu'avec ce fucking systeme de paiement à l'acte, les petites consultes simples ( en voie de disparition) compensent les longues, et qu on va finir par n'avoir plus que des consultes lourdes mais toujours payées au tarif rhinopharyngite.
Reformons le mode de remunération des generalistes !
Ph Mauboussin (27)
"Chez toi, c'est comme chez les autres, la différence c'est qu'ici ils sont malades.
RépondreSupprimer=> C'est remarquable d'être le seul vrai médecin à la ronde à voir des vrais malades, en étant entouré d'escrocs qui abusent de la crédulité publique. Une vraie maladie psychiatrique à prendre en charge.
Merci de ta contribution, cher Anonyme du 6 janvier. L'attaque ad personam est effectivement un moyen pratique que j'utilise parfois quand je veux m'éviter de réfléchir. Je vois que tu le maîtrises bien toi aussi.
RépondreSupprimerRetourne vite à tes rhinos, moi mon psy m'attend.
J'approuve a 200% tout ce que tu as ecrit.Cependant , pas du tout d'accord avec la soi disant incompetence du MG face a la "vraie" pathologie.Les connaissances sont reelles, les reflexes-ou mode expert ou sens clinique- sont presents chez la grande majorité d'entre nous et ce même si nous sommes noyes par la bobostupidologie.amities
RépondreSupprimerJe suis d'accord Stéphane.
RépondreSupprimerSeulement, de la même façon que pour les autres spécialités, la compétence s'entretient aussi avec la pratique. Et lorsqu'on n'est plus amené à faire que de la bobologie, eh bien on se retrouve un jour devenu incapable de prendre en charge une pathologie complexe. Si tu n'as jamais eu l'occasion suivre une grossesse ou d'instaurer de l'insuline chez un diabétique de type 2, alors même si tu l'as appris, au bout de quelques années tu ne le feras plus.
Il n'y a pas que la responsabilité du professionnel, loin de là. Il y a celle des formateurs universitaires, qui sont des spécialistes et qui n'apprennent au futur généraliste que ce qui est nécessaire pour le maintenir dépendant d'eux. Il y a le fonctionnement du système de soins primaires, ou plutôt son absence de fonctionnement. Il y a le paiement à l'acte qui favorise les actes rapides et faciles. Etc.
Quand la majorité des professionnels d'un système devient incompétent pour faire son métier, ce qui est le cas en médecine générale en France actuellement, c'est le système qu'il faut incriminer en premier et non pas les professionnels, même si leur responsabilité n'est jamais abolie, d'autant plus qu'ils sont en situation de responsabilité sociétale et de donner des leçons.
"Le paiement à l'acte qui favorise les actes rapides", dis-tu ?
RépondreSupprimerMais combien de généralistes font encore d'actes techniques ? Il suffit de voir les cotations de la CCAM :
- évacuation d'une thrombose hémorroïdaire
- pose ou changement de stérilet,
- ECG (même en consultation) etc ...
La réalisation d'un test de Hamilton pour évaluer un diagnostic de dépression, ce n'est pas mal non plus et, avec l'outil informatique, c'est expédié en 3-4 minutes maxi ....
A te lire, c'est le grand frissons...On regarde son carnet de rendez-vous et on se dit...ben...c'est vrai c'qu'il dit !
RépondreSupprimerPar contre pour nos hospitalo-universitaires, tu est trop sévère. N'oublie pas qu'un généraliste doit se taper toutes les spécialités. Et à ce jour, aucun spécialiste n'a dû "se taper du généraliste" ! Les pôvres !!! Ils ne nous connaissent pas . Bien qu'ils sâchent décider de ce qui est le mieux pour nous. (J'adore les formations hospitalière du type "le syndrome du bidule-truc vu par le généraliste" et quand on regarde les organisateurs , pas un seul généraliste. Quand à la démographie médicale, continuons comme ça. Je vais bientôt dévisser ma plaque et faire remplaçant. Je comblerai une pénurie, je prendrai mes vacances quand je voudrai, je ne serai pas réquisitionné, j'emm..les administratifs de la sécu, je choisirai des médecins "à haut rendement" (gage de revenus faciles et sans se torturer le neurone)
Au fait, pourquoi on n'obligerai pas les P1 à lire ce genre de blog avant de passer le concours ? Moi je savais pas avant. Sinon j'aurai fait pharmacie.
En tout cas je fais diffuser ta page où le sucre et l'acide se mélangent à merveille.Bonne continuation.
Ghislain
je jubile en lisant cela....
RépondreSupprimerhélas c'est trop tard pour moi ! victime de ce systeme j'ai préféré décrocher,écoeuré !
bernard
"paiement à l'acte, à la pièce, à la passe".une passe c'est pour les putes.Avez-vs une idée si médiocre de votre métier que vous utilisiez un terme généralement considéré comme péjoratif.votre boucher fait-il des passes pour vs vendre sa viande à l'unité ?
RépondreSupprimerIl ne faut pas trop participer au dézinguage de notre métier
Bonjour à l'anonyme du 13 janvier à 11 h 41 qui a manifestement très bien compris ce que je voulais dire.
RépondreSupprimerPour prendre un autre exemple, ce ne sont pas ceux qui révèlent les bavures dans la police qui dézinguent le métier, ce sont ceux qui bavent.
J'ai pour ma part beaucoup de respect pour les prostituées, au moins autant que pour les médecins généralistes qui se satisfont de ce système.
Après s'il s'agit du respect des patients, de la qualité des soins et de la médecine, je dézingue et dézinguerai ces modes de pratiques qui favorisent un travail de merde, le burn-out et le découragement des soignants dignes de ce nom, et le mépris des citoyens, des décideurs et des autres spécialités médicales (voir ce que pensent de la médecine générale à la passe les étudiants en médecine formatés par nos maîtres).
Bonjour,
RépondreSupprimerEn pleine biblio sur ma thèse, pour la partie "évolution des pratiques en médecine générale en France".
Toutes cette discussion est intéressante et je me reconnais dans les idées comme dans les mots. Le paiement à l'acte, c'est comme le Whisky, ça abruti le meilleur des hommes. Et la médecine générale ne cesse d'être à moitié prostitué, à moitié violée par un système de soins qui dégoute par le gachi qu'il réprésente (et non pas par sa qualité qui reste encore acceptable malgré tout).
Mais à qui la faute ?
-Au français qui ne demandent qu'à nous consommer comme un service quelconque ? Oui et non. Oui parce que ce système nous est imposé par les politiques. Nous sommes dans une démocratie et ceux sont bien les français qui ont élu tous ces décisionnaires. Non parce que le français n'ont peut être pas les moyens de comprendre que la manière dont ils consomment la santé n'est pas la meilleure qui soit. Ils ne sont pas compétent. Vouloir être bien soigner et savoir si c'est le cas, c'est quand meme plus complexe que d'acheter une TV. Tous demandent un dépistage de cancer de prostate à 50 ans parce qu'ils ont vu à la télé qu'il fallait le faire. Les recommandations encore en vigueur montre qu'il ne faut pas forcément le faire. Et ça c'est difficilement compréhensible pour le patient lambda.
-aux politiques ? Oui, en grande partie. Ils ont la compétence pour comprendre. Ils savent que leurs décisions sont responsables de la crise démograghique et de la sous qualité des soins primaire en France. Sans faire le constitutionnaliste, la démocratie française est une entrepise dans laquelle les décisionnaires peuvent s'affranchir de la responsabilité de leurs décisions. Les politiques foutent en l'air une partie du système de soins et quand ils ont un problème de santé, ils ne jouent pas le jeu de se faire prendre en charge par le système qu'ils ont mis en place. C'est hopital de Grâce au moindre malaise vaguale. Je leur ferai passer une nuit sur un brancard, dans le couloir d'un service de cardiologie d'un hopital de périphérie qu'on exsangue d'année en année.
- au médecins ? Oh que oui !!! Finalement, une des origines de la discussion, c'est le mode de rémunération. Le problème n'est pas si compliqué. Un C à 22 euros, ça pousse à faire de la merde. Pourquoi ? Parce qu'un médecin est en droit d'attendre une rémunération qui correspond à son niveau d'étude, aux responsabilités prises et à la pénibilité. Faire une médecine de qualité et être suffisament rémunéré avec un C à 22 euros, c'est impossible. Je le reconnais et je comprend tous ces confrères qui veulent bien gagner leur vie. MAIS ce que je trouve dégoutant comme toi Julien, c'est que plutot que de se battre pour changer le système, une écrasante majorité de nos confrères a décidé de profiter des failles du système pour obtenir une rémunération correcte. Et ils ont fait ça aux dépend de leur qualité de vie mais aussi au dépdent de la qualité des soins. Combien de médecin syndiqué ? Moins de 5%. Combien participent aux manifestations quand les syndicats les sollicitent ? Toi Julien es tu syndiqué ?
Je suis d'accord avec toi sur le coté dégoutant de ces mauvaise pratique. Mais finalement, la vrai question, le véritable enjeu, c'est qui fait quoi pour améliorer les choses ? Moi je jette la pierre à tout ceux qui ne font rien. Quelque soit leur bord finalement.
Je suis syndicalement investi. Je donne de mon temps personnel pour essayer de changer les choses. Je ne sais pas si cela aura une quelconque efficacité.
Il faut soutenir le travail des syndicats médicaux (pas tous, évidemment, certains défendent le libéralisme absolue en santé, ce qui est incompatible avec des soins de qualité) tout d'abord en adhérent, et pourquoi pas en s'y investissant. Toutes les bonnes volontés et les bons esprits y sont utiles.
Avertir l'opinion publique c'est très bien, mais insuffisant (et déjà fait).
Commentaire uniquement écrit à titre personnel. Sans aucun lien avec mon travail syndical.
Alan Charissou
charissou.alan@gmail.com
Cher Alain,
RépondreSupprimerJ'ai lu ton commentaire avec intérêt. Cite moi un syndicat médical qui, aujourd'hui, prône autre chose que la médecine libérale et le paiement à l'acte pour les soins primaires. A part le SMG bien sûr, mais son "impact factor" dans la société française est franchement négligeable.
Pour des raisons clientélistes, ceux qui ont tenté à une époque de porter une autre vision de la pratique médicale ont fini par rejoindre le troupeau bêlant de la population médicale : libérââââle ! Je pense en particulier à MG France (je ne sais pas si c'est ton syndicat). Même l'ex espace généraliste, scission de MG France, rejoint la FMF...
En plus il s'agit vraiment d'aveuglement, car quand on compare un système de soins primaires libéral, le français par exemple, à un système de soins primaire étatisé, l'anglais par exemple, le système libéral est disqualifié à TOUS les niveaux : les généralistes anglais gagnent en moyenne deux fois plus que les français, bossent 40 heures sans garde, bénéficient de matériel et d'environnement professionnel de qualité et de haut niveau, et cerise sur le gâteau, les patients sont mieux soignés en soins primaires, et pour beaucoup moins cher.
Défendre le système libéral pour les soins primaires, c'est vraiment du délire idéologique, du mensonge, de la connerie, etc. les mots me manquent.
Bref, pour faire avancer les choses, car tu as bien raison, il y a ceux qui causent et ceux qui font, le syndicalisme actuel français est franchement discrédité.
A ce discrédit s'ajoute celui de la compromission industrielle. Tous les syndicats émargent aux firmes pharmaceutiques (sauf 2 : le groupusculaire SMG et le non moins corpusculaire SNJMG).
Demande toi un seul instant quel système de soins les firmes ont intérêt à favoriser : le bordélique libéral où tout est possible et où c'est la loi du plus fort ? ou le régulé, qui favorise moindre coût et meilleure qualité ?
Donc, s'il faut chercher de l'espoir pour faire avancer les choses, c'est en dehors du syndicalisme actuel, dans la création d'un mouvement indépendant des firmes qui défend les professionnels qui s'engagent pour des soins de qualité au service d'abord de la population avant leurs intérêts catégoriels.
Les médecins sont des êtres humains comme les autres, mais exercent une profession pas tout à fait comme les autres : elle est résolument et ontologiquement d'abord au service de l'autre, avant d'être au service de soi-même. C'est quand les soignants défendront et seront de nouveau convaincants sur ce point vis-à-vis de la société qu'alors ils pourront alors demander et obtenir légitimement les justes moyens de leur excellence.
Cherche depuis les dix dernières années l'organisme qui défend cette position et tu sauras où je m'engage.
Bien à toi.
" ... elle est résolument et ontologiquement d'abord au service de l'autre, avant d'être au service de soi-même ..."
RépondreSupprimeravec cette phrase tout à fait respectable, on n'est pas prêts effectivement d'y arriver ! faut pas rêver tout de même: c'est la rencontre du christianisme et du communisme. Très belle synthèse mais c'est perdu d'avance d'où le syndicalisme actuel .... bonne journée tout de même. tony
Et si je te réponds, Tony, qu'avec des réflexions comme la tienne, on est au coeur de l'ultra-libéralisme et de l'utilitarisme, j'ai fait avancer le débat ?
RépondreSupprimerPas vraiment, n'est ce pas ?
Alors, avant de se lancer des caricatures de noms d'oiseaux idéologiques, montre moi des faits; par exemple en quoi le syndicalisme actuel a fait avancer, pour ses professionnels et ses patients, la cause de la médecine générale et des soins primaires.
Alors qu'elle devrait être la chance de la médecine, la médecine générale est devenue en 15 ans la honte de la médecine; les étudiants en médecine huent les rares qui choisissent encore cette filière.
Dans ma ville, exactement 8 généralistes sur 40 se disent prêts à arrêter leur exercice dans l'année s'ils en ont l'occasion. 5 viennent de partir à la retraite dans les 6 derniers mois, un seul a été remplacé.
C'est ça qui te fait dire qu'on est sur le point d'y arriver ?
Permets juste à d'autres d'essayer d'autres solutions. Un peu de tolérance ne nuit pas. On fera le point dans 20 ans.
Bien à toi.
pas du tout Julien, je ne veux pas stigmatiser ta position. Je dis que tes positions, tout à fait louables puisqu'elles veulent sortir la MG de sa merde actuelle, sont à une telle distance des positions quasigénérales des syndicats d'aujourd'hui (qui n'ont pas forcément raison pour autant) que je me demande bien comment tout cela est "discutable" devant une table. Parce qu'il faudra bien discuter un jour ! personnellement, je ne sais pas du tout me positionner clairement. Certains de mes amis diraient que je suis hypocrite mais non, j'en sais rien. Je ne suis ni pour ni contre, bien au contraire ... En tout cas, j'admire ta capacité et celles des syndicalistes de tout poil à théoriser ainsi; moi la fatigue m'a anesthésié. J'espère que je ne me réveillerai pas trop tard.
RépondreSupprimertony
Merci pour le commentaire rapide :-)
RépondreSupprimerJe ne suis engagé dans aucunes des formations citées.
A tous je leur reproche d'être coupés de leur base. La responsabilité que tu évoques ou plutôt leur irresponsabilité, est liée à leur travail simpliste de tête pensante.
Ma solution : l'éducation de la base, dès le plus jeune âge (externe et IMG). Peu de syndicat sont dans cette démarche. Ils veulent le pouvoir tout de suite, sans effort. La ptite pipe aux bons conseillers et hop le stylo pour signer la nouvelle convention médicale.
De belles idées sont défendues par MG France et toutes ses filiales. L'OMR était une merveilleuse avancée. Mais MGF n'a pas su l'expliquer à la base. Et depuis 2005, MGF se coupe de plus en plus de sa base. Ca doit être trop dur de se remettre en question...
La représentativité fidèle, là est la clé pour moi. Eduquée la base à avoir de bonnes envies, sonder ces envies et les faire remonter le plus fidélement possible.
Et tout est à faire ! Comme tu dis, il faudra bien 20 ans.
Dernier commentaire, les labo et les syndicats. Je refuse de les voir en consultation. Je m'achète mes stylos et je trouve qu'un bic ça écrit bien mieux qu'un stylo érectile estampillé "Pilule Bleue". Maintenant, jouer à la vierge éffarouchée à la simple vu d'une subvention pharmaceutique à un congrès syndical, c'est un extreme. Diaboliser l'industrie pharmaceutique, ça a une utilité mais aussi un risque. Il faut dénoncer tout leur marketing assassin, mais ne pas oublier qu'ils produisent ces quelques médicaments précieux qui nous permettent de soulager nos patients. Nous avons besoin d'eux. Nous ne pouvons les rejeter et devons trouver une manière de travailler avec eux. Encore une fois, il faut cesser d'avoir une vision simpliste. Cela est possible, mais probablement compliqué et coûteux (surveillance, contrôles, etc.) à faire. Encore un mal à se donner plutôt que dire "noir" et puis c'est tout.
Allé, je retourne à ma thèse. Chuis un peu bcp à la bourre.
Mon prénom, c'est Alan (pas de i) et encore une fois, je parlais en mon propre nom uniquement.
Je n'aurai pas le temps de revenir sur ce forum, même s'il fait du bien ;-)
Alors bon vent et bonne chance dans tes démarches. Content de voir que tu as un engagement structuré.
charissou.alan@gmail.com
Je suis déçu Alan, tes premiers commentaires m'ont fait croire que tu avais une capacité à penser de façon autonome. Las, ton commentaire sur la diabolisation des labos rentre tellement dans le moule commun des opinions fausses de ceux qui vont dans le sens de leur propre vent. Continue à te former sur les faits, les publications, les preuves, y compris et surtout sur cette problématique des relations médecins-firmes. Profites en, toi qui justement est encore en formation, pour apprendre à penser par toi même à partir des faits, c'est le moment. Sinon, je crains bien que tu ne finisses par faire carrière...
RépondreSupprimerNe sois pas déçu, l'EBM est ma réligion, rassure toi.
RépondreSupprimerJe prescris peu. Mes ordonnances contiennent plus de conseils que de molécules.
Mais n'est-il pas évident que toi et moi avons besoin de fabriquants de médicament ?
Actuellement, on permet à ces derniers de n'avoir que pour seul objectif une action forte en bourse. Les labo sont 'mauvais' parce que les politiques leur donnent le droit (les poussent ?) à l'être.
Enfin, la pensée autonome est incompatible avec ton action sur ce site. N'essaies tu pas d'influencer les pensées ?
Je me bas pour que mes décisions, mes pensées, mes positions soient le plus autonomes possibles
d'un maximum de conflits d'intérêts nuisibles. Mais je n'en reste pas moins influencé par des milliard de chose. Et toi aussi.
Je voulais juste dire que rien n'est simple, blanc ou noir. Que la collaboration avec des fabriquant de médicament est possible, mais avec d'autres règles.
Ta jambes est gangrénée, tu la coupe. Mais si tu ne la remplace pas, tu ne marches plus.
Il faut proposer de nouveaux modèles.
J'invitais juste à la reflexion sur cette question. "Comment assainir la production pharmaceutique".
Tu es bien dur, bien catégorique. Présager de mon avenir semble avoir été un exercice facile. Travailler à améliorer cet avenir pour que je sois un bon médecin, c'est plus important.
J'espère que tu es maitre de stage (pour IMG et pour externe). Que tu participes à la recherche en médecine générale. Et que syndicalement tu fais preuve d'autant d'activisme que tu portes de jugement sur ce site.
Je suis un peu vexé, cela se voit. Mais je considère tes conseils et tacherai de faire bien attention à rester un EBM-praticien.
Alan Charissou
charissou.alan@gmail.com
Merci de m’avoir permis de relire cette diatribe vieille de bientôt quinze années et qui, en toute immodestie, n’a pas pris, hélas, une ride. Comme en témoigne la pertinence de votre commentaire. Autre temps, même mœurs…
RépondreSupprimerAmicalement.