
Tous je vous dis !... pamphlets compris Au Paraguay je les ai trouvés. Pas que le foot là-bas.
Voyage au fond de la Célinie, au bout de la célinuit...
Trop plein de nausée, dégoulinure, crachats…
Trop plein de nausée, dégoulinure, crachats…
Jusqu’à quel point plonger, se laisser submerger par la dégoûtance, pour recueillir au fond quelques perles d’écriture ?... La balance bénéfice risque dit on en médecine, avantages inconvénients, plaisir répulsion…
Je ne sais pas.
Dans « Bagatelles » au début, des pages sublimes... d’une actualité… rien n’a changé !... et puis le délire… le délire. Hélas, pour aggraver les choses, c’est bien écrit. Putain...
Enchantement le plus souvent... Musique, murmure, susurrement. Laisser l’écriture parler, chanter dans sa tête, laisser les mots se mettre en place, devenir phrases, cris, émotions… c’est un effort que de lire Céline, tous les mots comptent. On en saute un, toute la phrase saute… le paragraphe… le chapitre… le livre. La musique s'arrête. Alors il faut reprendre... plus lentement, plus posément, et la musique renaît…
Céline le mystère… être à la fois génial et détestable, pudique et ordurier, tendre et violent, intelligent et con, raffiné et grossier, égotiste et attentionné. Comment ?
Rendre le talent pur parfois presqu’insoutenable. Incroyable…
Je peux pas le haïr vraiment... Trop de tendresse.... C'est comme pour les pauvres. Le vrai pauvre est haïssable, tellement con, tellement humain, jusqu'au bout, jusqu'à la fin. La souffrance.. Ça rend con et aimable. Voilà Céline...
Je peux pas le haïr vraiment... Trop de tendresse.... C'est comme pour les pauvres. Le vrai pauvre est haïssable, tellement con, tellement humain, jusqu'au bout, jusqu'à la fin. La souffrance.. Ça rend con et aimable. Voilà Céline...
En tout cas une chose est sûre, pas la peine de tenter l’imiter. Ou plutôt si, on peut toujours essayer, mais s’en rapprocher là... c’est autre chose.
Alors aujourd’hui j’étais de passage à la capitale, voilà où je voulais en venir.
Des affaires… un rendez-vous… Mais ce matin en quittant ma province je repère le passage sur la carte. Le Passage Choiseul. Si j’ai le temps j’y passe. Depuis le temps... Ca me trottait dans la tête, évidemment.
Sortie métro Palais Royal, on remonte l’avenue de l’Opéra pour tourner à droite rue Sainte Anne, à gauche rue Thérèse, à droite rue des Moulins, c’est devant, rue des Petits-Champs. Là. Il s’ouvre là le passage, comme une grotte, un antre, un ventre, un tunnel, un trou. Passage DE Choiseul c’est marqué. Attention !... Noblesse oblige…
La première chose c’est de lever la tête, chercher les 300 becs Auer. Ceux qui l’ont éclairé, asphyxié… Y en a plus. Au lieu un globe lumineux qui pendouille tous les dix mètres tenu par un arc où s’accrochent quelques ampoules, éclairâtres. Moche. Comme l’espèce de bâche sale qui court sous la verrière, qu’elle laisse à peine deviner, couverture du pauvre pour arrêter les chutes de gravats et surtout pas faire les travaux de rénovation.
Je cherche sur les murs au dessus des boutiques des restes d’appliques, reliques des becs, on sait jamais. J’en vois pas…
J’avance dans l’allée, 6, 12, 26… j’ai oublié le numéro.
J’imagine pas un seul instant qu’il y ait une plaque une référence quelconque. Ca serait trop honteux, trop risqué, provocation, ou alors arraché, vandalisé d'emblée. « Ici à vécu Céline »… Pensez donc !… Impensable… Ah ! ce serait Mauriac, Proust, Gide ou Tartre !...
Si ça se trouve, je vais même pas oser demander. Je me connais. Pourtant ils doivent bien savoir, avoir l’habitude. Pas le premier.
Je repense au reportage de Michel Polac à la télé noir et blanc d’autrefois ; il interroge des passants dans le passage et leur offre un Céline, comme ça pour voir, leur demande si ça leur dit quelque chose… beaucoup ne connaissent pas, d’autres si : refus dégoûtés… un vieux facho dit qu’il regrette de pouvoir rien dire, ça non, mais tout est dit justement… Plaies ouvertes, toujours, purulentes… Il retrouve une commerçante, une voisine qui l’a connu le gamin intenable, le sale gosse, qu’en faisait qu’à sa tête, et sa mère qu’arrivait pas à le tenir…
C’est fini tout ça. Quelques échoppes bobos, restaus étrangers, locaux à vendre, liquidation totale… Et si c‘était là ?... J’ose pas demander... c’était couru.
Les numéros défilent. L’entrée des Bouffes Parisiens… Bientôt la fin, le bout du tunnel.
Même pas l’absence d’odeur de nouilles pour s’orienter !
Même pas l’absence d’odeur de nouilles pour s’orienter !
Sauvé ! Des boutiquiers !... presqu’à la sortie. De part et d’autres les rayons de vieux livres s’alignent, s’entassent. Ceux-là au moins ils seront pas choqués… Ils peuvent comprendre qu’on s’intéresse. Les livres quoi… y a complicité, accord sur le fond. On peut discuter quoi !...
Ils sont deux là à causer, je m’approche vers celui qu’a le plus l’air de vendre. Difficile à reconnaître chez les intellos. Celui là semble s’intéresser à moi. J’y vais. Respiration.
- - Excusez moi, vous savez où se trouvait le magasin de Céline ?
- - 64 et 67… mais vous verriez rien.
- - Oui, je m’en doute… mais c’est pour pas passer devant sans savoir quand même, dans un sourire que j’imagine niais. Merci…
Demi-tour.
Ça y est. J’y retourne. Palpitation, la bouche sèche… Comme un interdit bravé, ouvert le placard aux parents, reluqué les guêpières, les revues cochonnes.
Je sais c’est con.
Mais on se refait pas. Je serais pas bon en période de guerre, résistant pour temps calme Julien Bezolles.
Avant de passer devant les Bouffes j’avais vu des numéros, 57-61, ça doit donc être par là…
Le 64 est juste devant l’entrée des Bouffes. Magasin de fringues, au plus banal. C’est tout petit, l’escalier dans le fond qui monte à l’étage. Je respire, goulée d’air. Toujours pas d’odeur de nouilles.
Le 67, juste en face, invisible, rien l’indique. C’est même l’entrée du théâtre, doit y avoir erreur. Deux trois allers retours pour vérifier, pas trop tout de même, pas se faire repérer, attirer l’attention. « Encore un qui cherche pour Céline… tous ces salopards… pas l’air d’un facho pourtant… »
Un arrêt rapide, repasse devant les livres, ressort rue Saint-Augustin. Voilà. C’est fait. Mort aux cons.
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