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J'avais les larmes aux yeux (Novlangue de la Sécu - suite)

A quand la fusion ?
C'est que je l'ai revu le patient victime de la Novlangue de la Securitate Sociale. Pas plus tard qu'hier figurez vous. Ce matin il avait conduit son car d'une seule main tellement il avait mal au bras. Même que son patron lui a dit : “ Mais Georges, il s'appelle Georges, faut pas conduire comme ça.” Et c'est un collègue qui l'a déposé au cabinet médical cet après-midi.

Alors je reprends son dossier, c'est jamais la deuxième fois que je le vois, et je redécouvre : tassements vertébraux en 1981. Suite à un accident de travail.

“C'est vrai que votre traitement il m'a fait du bien, même si ça me m'endort un peu (la codéine) mais de toute manière j'en avais besoin. J'ai repris mon travail comme prévu, mais sur les chapeaux de roue comme on dit.
Mais le médecin de la sécu, elle m'avait forcé la main, vous comprenez.
Elle m'a dit : "Alors vous allez pouvoir reprendre, hein ?" Elle insistait. J'ai pas osé dire non bien sûr, ça allait un peu mieux.
Ca fait bientôt 40 ans que je travaille vous comprenez, je voulais pas passer pour un tire-au-flanc. Je suis d'une génération (il est né en 55) où le travail ça compte. Mon père il me disait toujours : "T'es qu'un fainéant, faut travailler dans la vie". Alors ça m'a marqué.
Vous comprenez, je sais bien que je suis pas indispensable, personne il l'est indispensable, mais enfin, mon entreprise elle a besoin de moi. Si quelqu'un manque comme ça, ça met le bazar, on n'est pas très nombreux. Et puis je transporte des enfants quand même, ils vont à l'école, c'est important.
Alors quand j'ai dit à mon patron : "Je reprends le travail, le médecin de la sécu il m'a dit que je pouvais", il a souri et il a dit : "Bon, mais fais attention à toi, c'est qu'un médecin de la sécu quand même"...
Alors vous comprenez j'ai repris, mais sur les chapeaux de roue. Je me suis pas ménagé. Je voulais pas passer pour un tire-au-flanc vous comprenez.”

La sciatique elle a repris, et la névralgie cervico-brachiale est là maintenant aussi.

- Mais j'avais oublié vos tassements de vertèbres. C'étaient quelles vertèbres, vous vous souvenez ?
- Je peux pas vous dire. C'était par là... en désignant son dos. Quand j'ai divorcé il y a 4 ans, ma femme elle est partie avec tout, même mes radios. Je me suis retrouvé qu'avec les vêtements que j'avais sur moi. En encore.
- Et la perte de la force dans votre main là, c'est récent ?
Je découvre un déficit moteur du membre supérieur gauche important.
- Oui, c'est depuis mon accident en 81; on m'a dit que je pourrais pas récupérer. Mais là c'est la douleur vous comprenez.”

Il reparle de sa visite à la sécu.

“J'ai un peu honte de vous le dire, docteur, mais en sortant de là, j'avais les larmes aux yeux. Je peux vous dire que j'ai pas mangé ce soir là. Ca c'est sûr. J'étais devenu un tire-au-flanc, vous comprenez docteur. C'est ça que ça voulait dire, hein. Et ça c'est pas possible. C'est pas possible.”

Il l'a eu son nouvel arrêt de travail. Et les radios à faire avec.

Commentaires

  1. En tant que tire au flanc, je comprends ce qu'il a ressenti, ce monsieur... Depuis le temps qu'on me fait comprendre qu'il faut que je reprenne le travail. J'ai parfois l'impression d'être juste un morceau de bidoche, et encore.
    Peu importe d'ailleurs, ce qui importe c'est comment on peut faire pour que ça n'arrive plus, pour que les patients, ou les élèves dans mon cas, ne soient plus des numéros, des statistiques.
    J'ai bien quelques idées, mais je suis juste un morceau de bidoche.

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  2. Je savais que votre patient reviendrai. Il a 53 ans, des lombalgies sur un état antérieur, il conduit un car pourri donc mal assis, ça coule de source. Maintenant il avoue qu'on lui a forcé la main, et c'est pas un fainéant. Résultat, un nouvel arrêt car il a repris trop tôt son travail, où est donc l'économie alors si on déglingue un peu plus les malades plutôt que de favoriser leur retour au travail dans de bonnes conditions. Rien ne va plus dans notre monde, c'est la cata.

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  3. Camille57


    Bonjour et bravo de votre pertinence...votre humour...enfin votre façon bien sympathique pour dénoncer les travers de notre chère (très chère) Sécu...

    Ma femme qui tout comme moi (avons 52 ans) a des soucis de dos...(becs de lièvre...usure importantes des vertèbres etc...etc...et bien que très rarement en arrêt de maladie (nous travaillons depuis l'âge de 13 ans sans interruption) fut convoquée par le Médecin de la Sécu...

    Après consultation par cette dernière...elle constatait qu'effectivement son dos était mal en point...et confirma de vive voix ses arrêts de maladie justifiés...(au total 3 d'une semaine à chaque fois)

    Quelle ne fut la surprise quelques jours plus tard en recevant un courrier de ce "cher" médecin qui la sommait de reprendre son travail sous peine de ne plus être indemnisée...

    Elle en a repris aussitôt rendez-vous avec notre médecin traitant...qui a téléphoné à la Sécu...et qui n'a pu faire entendre raison au Medcon...qui lui confirmait les constatations faites lors de sa visite de contrôle...et surtout son incapacité d'accepter une prolongation d'arrêt maladie pour ma femme...


    quelle honte...!

    enfin bref...les gens qui sont malades...paient pour les tire au flanc...

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