Vous êtes le directeur du marketing d’un petit laboratoire, filiale d’un grand groupe international, installé dans un paradis fiscal. Vous commercialisez essentiellement en France des produits pour la santé des femmes, compléments alimentaires, hormones, etc.
Depuis 2002, il est connu que le traitement hormonal de la ménopause augmente le risque d’avoir des cancers du sein. C’est démontré, reconnu, en France et dans le monde :
Des études le prouvent (WHI aux USA, MWS en Grande-Bretagne, E3N en France).
La HAS, l’Afssaps et l’OMS le déclarent dans leurs documents.
Conséquence : les médecins ne peuvent plus prescrire ces médicaments autant qu'avant. Votre entreprise, qui tirait près de 60% de son chiffre d’affaires de la vente de ces produits a vu leurs ventes chuter de plus de 50% en 4 ans. Cette année encore, vous êtes la seule filiale de ce grand groupe mondial à n’avoir pas dégagé de profit . Les actionnaires râlent, l'avenir de votre entreprise est peut-être compromis. Certains médecins, appelés « notables de la ménopause » dans un rapport gouvernemental, et avec qui vous entretenez naturellement de bonnes relations râlent aussi pour les mêmes raisons économiques, et sont comme toujours disponibles pour vous aider.
Etant donnés les paramètres suivants :
1 - la paresse naturelle de nombre de journalistes et la forte propension d’autres, parfois les mêmes, à se soumettre à celui qui parle le plus fort, donne le meilleur champagne, et offre des séminaires dans les destinations les plus exotiques;
2- le tropisme de nombre de médecins vers l’argent, les avantages, les flatteries, les voyages, les cadeaux, et les laboratoires qui les leur distribuent;
3- la naïveté et la bouffissure morale des mêmes qui les rendent avides de participer à des études pseudo-scientifiques qui leur permettront de communiquer, publier, se vanter, etc.;
4 – qu’il en existe même des qui sont à la fois journalistes et médecins;
proposez une stratégie marketing ciblée et à moindre coût susceptible de faire remonter à terme le chiffre d’affaires de votre entreprise.
Vous tiendrez bien sûr pour négligeables les éventuels cancers du sein et les morts induits par votre campagne. Ca fera au mieux fonctionner les campagnes de dépistage, les traitements anti-cancéreux, les bistouris des chirurgiens, etc.
Réponse :
Faire croire que le traitement français de la ménopause n’est pas cancérigène, en se basant sur trois principes :
1 – Utiliser le fameux « principe de Tchernobyl » (qui a déjà fait ses preuves en médecine avec le Vioxx°) qui stipule que toute catastrophe ou scandale planétaires s’arrête de facto aux frontières de la France.
2 – Bidonner une pseudo-étude biaisée visant à démontrer que le traitement Bleu-Blanc-Rouge de la ménopause est sain, propre et vigoureux, en donnant ce traitement aux femmes avec un moindre risque de cancer du sein, et en les comparant avec celles ayant un risque élevé de cancers du sein. Résultat garanti.
Il suffira alors de placer dans l’ordre que vous voulez dans le texte de l’étude que personne ne lira de toute façon, les habituels gros mots scientifiques qui feront croire que « entre les femmes, les médecins et nous, vous l’avez compris, c’est du sérieux » : randomisation, cohorte, prospective, inclusion, suivi historique, etc.
Puis de la publier en anglais dans une revue quelconque, que vous financez ou pas ça n'a pas d'importance. Et le tour est joué. N’oubliez pas de lui donner un nom prétentieux, en utilisant un acronyme, international de préférence. "Mission" par exemple, prononcer « micheune ».
3 – Communiquer fortement à travers des media préalablement préparés (voir paramètre 1) . «La fin d'une vilaine polémique», « Le traitement français de la ménopause enfin blanchi », «Le retour en grâce du traitement maudit», « le traitement à la française réhabilité», etc.
4 – Lâcher les "forces de vente" : visiteurs médicaux dans les cabinets médicaux et médecins dealers d’opinion dans les colloques, symposiums, restaurants, etc.
5 – Surveiller, en prévoyant une légère érection personnelle, l’évolution des ventes de vos produits.
NB : toute ressemblance avec un événement médico-médiatique récent survenu en France ne serait que le signe de la plus parfaite mauvaise foi de celui qui s'en aviserait.
Superbe !!!
RépondreSupprimerdans l'esprit du film The Constant Gardner , plus vrai que la réalité ... j'achète le scénario ! Bravo!
RépondreSupprimerUn de mes lecteurs (à moins que ce ne soit l'inverse) m'envoie ici, je connaissais déjà cet article, et ce qu'il dit me fait toujours horreur hélas...
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